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Une vision commune qui tienne compte de nos différences d’appréciation

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Le premier est de mettre à la disposition de décideurs tant civils que militaires ou d’experts (analystes, chercheurs, industriels, journalistes spécialisés, notamment) des « textes de référence », des analyses, des études, des articles traitant des enjeux actuels vus sous l’angle de la défense et de la sécurité,. Des textes de qualité qui ne soient pas « saucissonnés »…

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Les Français parlent aux Français du bout du Monde : Michel Anfrol et le Général de Gaulle

Après une première émission consacrée sur la Voix du Béarn il y a 15 jours à la politique d’indépendance nationale mise en œuvre par le Général de Gaulle, cette fois, nous allons parler d’un livre consacré à Michel Anfrol, journaliste qui a marqué son époque, et par ailleurs président des Amis de la Fondation Charles-de-Gaulle. A ce titre, il s’occupait du rayonnement dans le monde de la fondation et de l’œuvre du Général de Gaulle. 


Ce livre constitue une façon originale de revisiter le gaullisme de la Libération jusqu’à
la disparition en 1970 d’un géant, qui n’aura pas été seulement le chef de la France Libre. 


Depuis cinquante ans, des livres sur le Général de Gaulle, il en sort plusieurs par mois, dans le monde entier et dans toutes sortes de langues. Celui dont nous parlons a été écrit de l’intérieur-même de la Fondation Charles-de-Gaulle. Entretiens avec Michel Anfrol [1] est la très fidèle publication du regard sur la France et sur le monde que portait un de nos plus éminents journalistes contemporains, Michel Anfrol, qui nous a quitté il y a deux ans. On doit ce témoignage à une historienne, Hélène Brando, et à son mari philosophe, Julien Brando. 

 

Si la France a toujours su compter des journalistes de haut niveau, le plus souvent
spécialisés en politique intérieure ou en économie, voire de grands éditorialistes, elle a rarement connu de vrais experts en politique étrangère, des confrères dont le regard sur l’actualité mondiale démontrait un professionnalisme qui forçait l’estime de tous - y compris des confrères étrangers. Pour concourir, mieux vaut être polyglotte et  diplômé. 

En cinquante ans de journalisme, si je devais compter le nombre de journalistes qui m’ont toujours surpris en m’apprenant quelque chose de nouveau, chaque fois que je les rencontrais, des hommes qui avaient une vision réaliste et peu imaginaire du vaste monde, j’en compterais peut-être cinq. Ce n’est guère beaucoup. Et pourtant j’ai eu l’honneur d’appartenir à des rédactions prestigieuses, françaises ou étrangères. Cinq modèles à mes yeux, ce n’est pas excessif.


Je leur connaissais un seul ennemi : le wishful thinking à la française ! 


Michel Anfrol, Quentin Dickinson, et Christian Malard sont au nombre de ces happy few. Je pourrai ajouter encore la plus française des Finlandaises, Helena Petäistö, et celui qui fût mon premier directeur de la rédaction à France-Inter en 1971… Ce sont des hommes et une femme que j’ai vu et entendu s’entretenir avec de nombreux chefs d’État, Premiers ministres ou personnalités de tout premier plan en France comme à
l’étranger. Des grands de ce monde pour qui leur regard et leur opinion comptaient. 

Voilà en effet des collègues brillants, parlant sans note, toujours alliant rigueur et
compétence. Ils se connaissaient tous les trois et s’estimaient. Ils avaient bien d’autres traits en commun. Outre la politique étrangère, ils faisaient toujours des analyses très fines en politique intérieure. Ils étaient dotés d’une culture générale hors-norme qu’ont pu apprécier leurs étudiants. Ils étaient toujours disponibles pour les autres. Ils avaient un humour communicatif, mais au-delà d’une plume bien trempée, ils avaient une voix. A la radio comme à la télévision, cela compte beaucoup. 


Michel était capable de commenter le message que livrait le Pape, dont il a suivi les
grands déplacements dans le monde, mais n’aurait eu aucun problème à commenter
une rencontre de boxe ou un tournoi de football ou de tennis. Et en musique, il excellait. Ces trois collègues ont en commun d‘avoir eu une éducation exemplaire et d’être de parfaits polyglottes, qui ont de surcroît parcouru le vaste monde. Des bourreaux de travail, capables de séparer les faits et leur analyse. Au quotidien, ils se sont toujours interdit de servir la soupe à quiconque, tout en appelant un chat un chat. Il n’en faut pas tant pour être jalousé par des médiocres, mais il en aurait fallu beaucoup plus pour qu’ils se départissent de leur calme légendaire. 


Avec Hélène et Julien Brando, ce sont 30 années d’histoire politique qui sont revisitées. Du RPF, le Rassemblement du Peuple français, on ne peut pas dire que les journaux nous en aient beaucoup parlé. Entendre évoquer les cinq mois au terme desquels, après mai 1958, le Président du Conseil, Charles de Gaulle, va doter notre pays d’institutions d’une solidité exemplaire ! D’une monnaie redevenue stable après avoir été assimilée à un éternel yoyo ! Quelque part, cela redonne espoir que l’on quitte un jour une frileuse petitesse, de laquelle hélas nombreux sont ceux qui ne parviennent pas, au fil des ans, à se défaire. 


Pourquoi ne pas rappeler quelques faits ? Notamment qu’il a été interdit de 1947 à 1958 de prononcer le nom de l’ancien chef de la France-Libre sur une antenne publique sous peine de licenciement… Tout a été fait et continue de l’être pour que cette période qui aura consacré le renouveau de la France soit passée sous silence. Le pouvoir est devenu un immense fromage. Après le trop-plein, nous voici dans le vide, d’ailleurs prévu par le Général de Gaulle après son départ. Plus rien d’étonnant à ce que le Président de la République d’aujourd’hui parle dans un grand journal étranger de son souci de déconstruire la France. Chacun ses priorités, aussi peu fertiles qu’elles puissent s’avérer… 


Sous De Gaulle, comme le confie Michel Anfrol à Hélène et à Julien Brando, si la
communication était érigée en art comme aujourd’hui, la grande différence est qu’à l’époque « la communication avait pour but de dire le fond des choses » et pas le contraire en enfumant les citoyens et en les prenant pour des enfants. C’est pourquoi toute comparaison de nos présidents les plus récents avec De Gaulle paraissait « insoutenable »  à Michel Anfrol. 


Dans une prochaine émission avec le professeur Michel Boivin, nous verrons ce qui reste du gaullisme aujourd’hui, et avec Hélène Brando, nous reviendrons sur cette époque contemporaine qui a été marquée, qu’on le veuille ou non, du sceau des bâtisseurs. 


Joël-François Dumont 

[1] Entretiens avec Michel Anfrol, Avec de Gaulle du RPF à l’ORTF 

   Regain de Lecture">Regain de Lecture éd., Orléans (2020).  

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La république tchèque : A la découverte de la Moravie (1)

Les Français parlent aux Français du bout du Monde… Après avoir entendu des compatriotes en Asie et aux Amériques, retour en Europe centrale et orientale. Après la Pologne, la République tchèque.[1]  


Les témoignages recueillis au fil de ces émissions montrent à l’évidence que les Français qui vivent à l’étranger s’intègrent parfaitement. A l’évidence, nos compatriotes prolongent l’action de la France par leur présence et leur savoir-faire. 


Chaque rendez-vous sur les ondes est une occasion de découvrir pour les uns – ou de redécouvrir pour les autres – les liens anciens qui peuvent exister entre la France et ces pays d’accueil.  


Si les relations entre la France et les pays situés au centre de l’Europe ont été particulièrement intenses pendant l’entre-deux guerres, au point de retrouver le niveau qu’ils avaient pu connaître avant 1870, lorsque le rideau de fer est tombé, les relations ont été brutalement interrompues.  


Ces pays, pourtant slaves, étaient néanmoins orientés vers l’Ouest mais l’URSS a tout fait pour rompre ces liens.  


Le général de Gaulle, dès 1963, s’est bien attelé à renouer un dialogue, mais il faudra attendre l’effondrement de l’URSS pour que ces pays retrouvent enfin leur indépendance et la possibilité de renouer avec leur passé.  


François Mitterrand a poursuivi l’action du général de Gaulle en facilitant l’entrée dans la communauté européenne de ces pays leur permettant de s’intégrer rapidement à cette Europe à laquelle ils ont toujours appartenu. 


Dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, le sentiment demeure que la politique étrangère française a toujours été « plus déterminée par des facteurs extérieurs à cette région du monde … Les défis adressés à la France sur le plan de sa sécurité nationale, en particulier par l’Allemagne et l’Union soviétique, en constituent les ressorts … En dépit des apparences, la France n’a jamais eu de rapports vraiment étroits, profonds et structurés avec l’Europe du Centre-Est … Les aspects les plus vigoureux et les plus durables de ces relations sont perceptibles sur le plan culturel.

Le „rayonnement culturel” de la France jouit toujours d’une grande considération en Europe centrale et orientale … A l’inverse des clichés si souvent évoqués encore de nos jours, les relations entre la France et les pays de l’Europe centrale et orientale ne sont guère déterminées par la tradition mais par des motifs purement politico-stratégiques. La tradition allait dans le sens d’une subordination à la France… »[2] L’étude de Gusztáv D. Kecskés permet de remettre les choses en perspective et aussi de mieux comprendre
pourquoi l’Allemagne semble avoir davantage réussi dans ce domaine.  


De Gaulle et Mitterrand sont bien les seuls présidents français à s’être intéressés à ces pays qui sont devenus des partenaires économiques et politiques au quotidien et dont certains, demain, vont être surpris par le renouveau économique qu’ils ont su mettre en œuvre en moins de 20 ans. 


Depuis que la France est devenue une puissance moyenne, l’attrait des États-Unis a été très fort, même si la plupart de ces pays sans façade maritime, sans avoir connu d’immigration étrangère, ont toujours cherché à privilégier les échanges en direction de
l’Europe. Restent les liens culturels, mais ceux-ci pourraient aussi décliner comme cela a été le cas dans d’autres pays y compris, francophones. 


Avec Joël et Jana Bros, nous allons découvrir la Moravie, l’une des plus belles régions d’Europe, encore très mal connue des Français et pourtant si accueillante. En République tchèque, Prague et la Bohème semblent plus attirer les touristes que la Moravie ou la Silésie. Deux provinces qui gagnent à être mieux connues. 


Joël Bros après avoir été militaire et diplomate à Prague et à Bratislava a travaillé dans une seconde vie dans tous les pays d’Europe de l’Est. Il parle russe, polonais, tchèque et
slovaque, en plus de l’allemand et de l’anglais. Son épouse, universitaire, est professeur de Français. Chanter fait aussi partie de leur vie pour la plus grande joie des Tchèques ou des Slovaques.  


Le regard qu’ils portent sur cette histoire commune mérite d’être médité et partagé. Vu l’intérêt suscité, deux émissions suivront, une pour compléter la première, déjà très riche, la seconde pour parler de la Slovaquie et pour évoquer plus en détail deux
magnifiques pages d’histoire commune avec la France : Milan Rastislav Štefánik pendant la Première Guerre Mondiale et le Bataillon Foch qui a pris une part active au soulèvement national slovaque lors de la Seconde Guerre Mondiale. 

Joël-François Dumont 

[1] Entretien avec le président de l’UFE, l’ambassadeur François Barry Delongchamps [2] Étude publiée à Budapest :
« Franciaország Kelet-Közép-Európa politikája 1918-tól napjainkig (La
politique étrangère de la France envers l’Europe du Centre-Est de 1918 à nos jours) in Grotius, revue scientifique de l’Institut d’études internationales de l’Université Corvinus de Budapest (2009). 

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Les Français parlent aux Français du bout du Monde – De Gaulle n’a pas été que l’homme du 18 juin

Les Français viennent de voter. Le résultat est un désastre pour le pouvoir en place. Après le vide imaginé par le général de Gaulle, l’heure du trop-plein serait-elle venue ? Comment ne pas établir de parallèle dans un pays qui vit aujourd’hui une crise de confiance sans précédent ?  

Pour mémoire, en mai 1958, la IVe République agonise et meurt en quelques semaines dans l’indifférence générale. Le régime parlementaire instauré en octobre 1946 est discrédité dans l’opinion. Entre une guerre en Algérie qui n’en finit pas et des gouvernements successifs qui témoignent d’une impuissance inédite, secoués par des scandales en série, le spectre de la guerre civile menace.  

Le président de la République, René Coty, n’a pratiquement aucun pouvoir autre que
représentatif. Le pouvoir politique est à Matignon entre les mains du président du Conseil. Pour trouver une issue à une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre et remettre le pays sur les rails, le président de la République demande au général de Gaulle de former un gouvernement. 

En 5 mois, le général réussit un premier tour de force en dotant le pays d’institutions comme celles qu’il avait pu suggérer dans son discours de Bayeux le 16 juin 1946. Le 4 octobre 1958, une nouvelle Constitution est adoptée. Elle se caractérise par un pouvoir exécutif fort, une stabilité gouvernementale inédite et la création d’une justice constitutionnelle. Le président acquiert une autonomie par rapport aux assemblées. En 1962, après une révision constitutionnelle, le président de la République sera élu au suffrage universel pour 7 ans.  

A l’intérieur le nouveau pouvoir s’installe. Le général qui préside un Conseil de ministres de choc s’attaque au renouveau économique du pays en lançant une politique de grands travaux, de modernisation et d’industrialisation sans précédent, non sans avoir,
auparavant, réussi à rétablir la stabilité de sa monnaie. Ce sera la première grande rupture avec « le régime des partis ». 

Sur le plan militaire, ce sera une deuxième grande rupture. Le général de Gaulle va créer une force de dissuasion nucléaire et retirer la France du commandement militaire de l'OTAN. Plus jamais la France ne pourra impunément être envahie comme elle l’avait été. La France entend désormais être maître de son destin. 

Avec ces deux ruptures, la « politique de grandeur » de la France prend rapidement forme : à l’intérieur, avec la création d’un État-stratège et planificateur.  

A l’extérieur, avec l’adaptation et l’alignement par la France, pour la première fois de son histoire, de sa politique de défense sur sa politique étrangère. La France parle désormais d’une seule voix.  

Après avoir posé le « socle » – la constitution de 1958 et les Institutions – en 1960, le général de Gaulle lance la décolonisation de l'Afrique noire tout en y maintenant l'influence française en créant une « Communauté française ». Il renoncera à l'Algérie française malgré l'opposition des pieds-noirs et des militaires, qui avaient pourtant favorisé son retour au pouvoir. En 1962, il mettra fin à la guerre d’Algérie, une guerre qui n’avait que trop duré et l’Algérie deviendra indépendante. La page de la décolonisation est tournée. 

En politique étrangère, le général de Gaulle a, enfin, les mains libres et entend défendre « l'indépendance nationale », préconisant une « Europe des nations » qui irait « de l'Atlantique à l'Oural » tandis qu’avec le Chancelier Adenauer, il poursuit une très active réconciliation franco-allemande. Il amorce en Europe une rupture avec le
fédéralisme européen. Après avoir maintes fois condamné le partage du monde organisé – sans la France – à Yalta, le général opposera un veto à l'entrée du Royaume-Uni dans la Communauté européenne, soutiendra le « Québec libre »,
condamnera la guerre du Viêt Nam et reconnaîtra la Chine communiste. Voilà très
brièvement résumées les grandes lignes de sa politique étrangère. L’objectif poursuivi
inlassablement par le général de Gaulle étant que la France retrouve son « rang ».
Mais ce que l’on oublie de dire – ou ce que l’on connait beaucoup moins –, c’est que le général de Gaulle souhaitait retrouver la qualité des relations qui existaient, avant 1940,
avec les pays situés en Europe derrière le rideau de fer, avec des pays d’Asie et avec les pays d’Amérique latine qui avaient été les premiers avec les Africains à soutenir l’homme du 18 juin. Il ne saurait y avoir de chasses gardées américaine ou soviétique. Après la détente, l’heure est à la « coopération ». 

L’un de ceux qui a le mieux compris cette politique étrangère, c’est un journaliste. Michel Anfrol est de ceux qui vont marquer cette époque qui restera dans l’esprit des Français synonyme d’un véritable renouveau.  

Après des études brillantes sanctionnées par deux doctorats, Michel Anfrol est polyglotte : il parle anglais, italien, espagnol, portugais, serbo-croate et russe. Le jeune
garçon qui avait vu, aux côtés de son père, la Wehrmacht défiler sur les Champs-Élysées, sera présent sur les Champs-Élysées lors de la Libération de Paris et apercevra le général de Gaulle. « A ce moment-là fut scellé le pacte de fidélité qui allait le lier jusqu’au bout à celui qui rétablit la République et la démocratie, qui, par deux fois assura la résurrection du pays ».[1] « Le général » deviendra son idole, ce qui ne l’empêchera pas de rester critique, car journaliste scrupuleux, Michel Anfrol ne pratiquera jamais la langue de bois. Si « les faits étaient sacrés, les commentaires
étaient libres ».  

Après avoir occupé pendant plus de 15 ans divers postes d’Envoyé spécial permanent et de correspondant à Washington, à Rome et en Amérique latine, pour l'ORTF et TF1,

une fois à la retraite, Michel Anfrol va devenir bénévole et se partager entre la Fondation Charles de Gaulle où il créé « l’Association des Amis de la Fondation » et Radio Latina où, chaque samedi matin, il célèbre la musique latino-américaine, le tango
notamment.  

Grand spécialiste des Amériques, Michel Anfrol a vécu comme un drame personnel la perte de l’influence française en Amérique latine où il comptait de nombreux amis. 

Pour participer à cette 6e émission sur les ondes de la Voix du Béarn, une semaine
après avoir parlé du Chili avec Aude Argouse, Jean-Michel Poulot et Joël-François Dumont avaient prévu d’inviter trois personnes :  

Julien Brando, philosophe et écrivain. Avec son épouse Hélène qu’il a connue Rue de Solférino à la Fondation Charles de Gaulle. Le mauvais temps régnant en Normandie allié à la médiocrité de notre infrastructure Internet dès que l’on sort des grandes villes a empêché Julien de participer à cette émission, mais le sujet étant loin d’être épuisé, on le retrouvera bientôt. 

Christian Paris que les auditeurs de la Voix du Béarn et Radio Hexagone connaissent bien. Ancien commandant de bord à Air France, il nous a fait découvrir deux de ses grands amis : Jean Billaud, un ancien de la France Libre qui restera un fidèle du général de Gaulle, à qui Christian Paris a consacré un livre magnifique et, plus récemment un autre homme d’exception, le père Pedro Opeka, qui a créé 18
villages en Afrique et sauvé de la misère 400.000 jeunes malgaches en 20 ans… 

Enfin, un confrère béarnais qui a été dans le monde entier, Gilles Brochard. Son père, chef de cabinet de Maurice Couve de Murville, a été au cœur de la diplomatie gaulliste avant de devenir président de l’Union des Français de l’étranger Monde. Auteur de plusieurs livres de référence, Gilles Brochard était lui aussi un fidèle ami de Michel Anfrol qui nous a quitté il y a deux ans. Sa voix, son rire communicatif, son sens de
l’humour resteront gravés dans bien des mémoires, sans parler des confrères qu’il
a secourus en créant un fonds d’entraide pour la profession.  


Joël-François Dumont 


[1] Extrait de la préface d’Angelo Rinaldi de l’Académie française du « livre d’entretiens
avec Michel Anfrol », publié par Hélène et Julien Brando dans la collection « Regain de lecture » aux Éditions Corsaires.  

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Les Français parlent aux Français du bout du monde – A la découverte du Chili

Pour cette cinquième émission « Les Français parlent aux Français du bout du monde » diffusée par La voix du Béarn et rediffusée sur Internet, notamment par Radio Hexagone

Après les États-Unis, la Pologne, l’Allemagne, Hong Kong et la Belgique, cette nouvelle
heure consacrée aux « Français du bout du monde » était consacrée au Chili. Un pays dont le drapeau est bleu, blanc, rouge, et dont une partie de l’histoire est plus liée à des Français qu’elle ne l’a été avec la France. 


Le seul président de la République française à s’être intéressé à l’Amérique latine, c’est le Général de Gaulle où il a effectué une tournée triomphale du 21 septembre au 16 octobre 1964. Le 1er octobre 1964, le général, venant de Bolivie par la mer accoste à Valparaiso, après une traversée à bord du Colbert, le croiseur le plus moderne de la Marine nationale. Sur les quais il est accueilli dans le plus grand port d’Amérique latine par le président Jorge Alessandri et salué avec enthousiasme par la foule de Valparaiso avant d'être acclamé par celle de Santiago du Chili, la capitale. 


Depuis le 19e siècle, une longue tradition d’amitié et de bonnes relations existe entre les deux
pays. Au cours d’un périple de trois jours, au-delà des échanges économiques, le général de Gaulle souhaite développer les échanges techniques et culturels avec « des pays avec lesquels nous avons beaucoup en commun ». Il prononce à cet effet un discours à l’Université de Santiago où il se déclare en faveur d’un « resserrement des liens » entre cadres français et chiliens : « Dans ces domaines, dont tout dépend, peut et doit, me semble-t-il, s'établir entre les cadres chiliens et les cadres français un accord plus étroit aujourd'hui. Certes, les affinités amicales qui existent entre nos deux peuples y trouveraient leur compte. Certes, l'avantage pratique en serait grand, mais aussi, pourquoi ne pas le dire : cet effort délibérément organisé en commun entre nos deux républiques, l'une d'Europe et l'autre d'Amérique Latine, serait un exemple entraînant, et un changement important dans l'actuelle conjoncture internationale.» 


Le moins que l’on puisse dire est qu’aucun autre président français ne s’est jamais intéressé à l’Amérique latine, avant lui comme après lui. Certains, même, trouvant que les relations culturelles étaient de trop haut niveau ont mis des bâtons dans les roues (lois Pasqua, circulaire Guéant) de tous ces universitaires sud-américains pour qui la Sorbonne était depuis des générations un des hauts-lieux culturels du monde. Les intellectuels français aiment l’Amérique latine. C’est un fait. Certains même vont y consacrer leur vie. 


 Qui mieux donc qu’une universitaire française pouvait nous parler du Chili ? Aude Argouse est polyglotte. Elle a beaucoup voyagé de par le monde, mais l’Amérique latine, c’est sa passion. Après un an au Pérou au début des années 2000, pays dont la gastronomie est une des plus renommées qui soit, elle est depuis 9 ans au Chili, où elle enseigne l'histoire du droit à l’Université du Chili. Elle est également co-éditrice d'une revue électronique, Revista Historia y Justicia, et co-fondatrice de Acto  Editores, une petite maison d'édition indépendante. Licenciée en Droit à, Paris II, et après un doctorat d’histoire des civilisations (EHESS), elle dépose ses valises en Amérique latine et voue sa carrière à l'histoire des notaires et du papier.    

 

Elle découvre au fil des ans la « lointaineté » de ce pays, « le plus austral du monde ». La pandémie la verra, comme tant d’autres, coupée de cette France où elle a encore ses parents et ses amis. Comme beaucoup d’expatriés, il lui sera interdit de rentrer en France. Elle sera pendant de longs mois confrontée à une gestion ubuesque de la pandémie en France par des politiciens se revendiquant fièrement d’être des « amateurs ». Sans information pratique, isolée, livrée à une ambassade déconnectée de ses ressortissants malgré des fonctionnaires de qualité, des moyens consulaires quasi inexistants, elle se sentira comme des centaines de milliers d’expatriés ! « Ignorée », voire « punie » pour habiter un pays étranger, où elle n’est là que pour diffuser et faire partager l’amour d’une culture qui se veut universelle.  


Quelle image ont les Chiliens de la France ? Un Français peut-il s’intégrer au Chili ? 


Autant de questions auxquelles Aude Argouse répond. De quoi découvrir, pour les uns, approfondir pour les autres, notre connaissance du rayonnement français dans le monde.  


Photo © Uahurtado.cl  


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Les Français parlent aux Français du bout du monde – La guerre de Poutine contre l’Occident

Deux semaines avant la première rencontre Biden-Poutine, il nous a paru intéressant de nous interroger sur deux graves questions. Pour chercher à comprendre, tout d’abord, quel avantage politique le président Joë Biden pouvait bien rechercher en rencontrant aussi rapidement Vladimir Poutine qu’il qualifiait, il y a encore peu, d’« assassin » ! Ensuite de voir comment lutter efficacement contre les opérations de subversion menées dans la durée par les services russes pour saper nos systèmes démocratiques.

Quels sont les risques de ce sommet ? Le but de Moscou est de donner l'impression que les États-Unis vont abandonner l'Europe en échange d'une neutralité russe en cas de conflit sino-américain, afin de convaincre les Européens qu'il n'y a pas d'alternative à l'hégémonie russe. 

Washington entend restaurer la relation germano-américaine sur laquelle le président Bush avait fondé sa politique européenne à partir de 1989, en s'appuyant sur une Allemagne dirigée par les Verts, alors que Moscou entend, elle, la fonder sur la CDU, le SPD ayant plus ou moins disparu des écrans-radars pour avoir, comme en France, abandonné le social pour le sociétal.  

Pour en débattre, dans ce 4e numéro de l’émission « Les Français parlent aux Français du bout du Monde », Jean-Michel Poulot et Joël-François Dumont ont invité sur La Voix du Béarn et Radio Hexagone, deux historiens de renom : une Française, l'historienne Françoise Thom,  auteur d’ouvrages de référence sur l’URSS et la Russie, maître de conférences émérite d’Histoire contemporaine de la Russie à la Sorbonne, et Jerzy Targalski, un Polonais, docteur en histoire, qui est un des meilleurs spécialistes occidentaux des services de renseignement soviétiques et russes, qui a vécu, notamment, 14 ans en exil à Paris.

Le deuxième sujet est de comprendre les causes de cette guerre psycho-politique permanente que poursuit le Kremlin contre l’Occident et d'en montrer les similarités et aussi les différences si on la compare à celle menée pendant la guerre froide. 

Sur ce sommet improvisé à la va vite, il y a au moins une certitude : deux pays ont, sinon tout ou le plus à perdre dans cet échange où, le grand risque, pour arriver à un résultat minimum, serait d’aboutir dans les faits à un nouveau Yalta sans même, côté occidental, l’avoir ni vraiment voulu ni même imaginé. Les Russes, eux ont de la suite dans leurs idées de conquête.

Pour des raisons diamétralement opposées, Washington entend baser, demain, sa politique européenne sur une Allemagne dirigée par les Verts, alors que Moscou entend, elle, la fonder sur la CDU, le SPD ayant plus ou moins disparu des écrans-radars pour avoir, comme en France, abandonné le social pour le sociétal.  

Pour en débattre, dans ce 4e numéro de l’émission « Les Français parlent aux Français du bout du Monde », Jean-Michel Poulot et Joël-François Dumont ont invité sur La Voix du Béarn et Radio Hexagone, deux historiens de renom : une Française, le professeur Françoise Thom, soviétologue, auteur d’ouvrages de référence sur l’URSS et la Russie, professeur d’Histoire contemporaine de la Russie à la Sorbonne, et Jerzy Targalski, un Polonais, docteur en histoire, qui est un des meilleurs spécialistes occidentaux des services de renseignement soviétiques et russes, qui a vécu, notamment, 14 ans en exil forcé à Paris.

Le deuxième sujet est de comprendre le pourquoi de cette guerre psycho-politique permanente que poursuit le Kremlin contre l’Occident et de voir d'en montrer les similarités et aussi les différences si on la compare à celle menée pendant la guerre froide. 

Dans les années 1982-1985, l’Occident a eu à affronter une désinformation mise en œuvre par le Service A du KGB. Inaugurée pourtant dès 1928 par le NKVD. Cette politique a été une des constantes de l’URSS pour miner et détruire de l’intérieur des pays qu’elle ne pouvait pas soumettre directement. 

30 ans plus tard, avec l’apparition d’Internet et le développement de réseaux sociaux, on peut parler d’une véritable guerre psychologique, dépassant largement la propagande classique. 

Face à cette patiente et persévérante entreprise de subversion, on attend toujours une réaction… Pour le moment, l’Europe a timidement inscrit dans ses priorités affichées ce combat dans lequel, pour l’heure, au Parlement européen, seul les députés polonais, estoniens et tchèques sont véritablement offensifs. A l’image de ce qui se fait dans ces trois pays qui, eux, ont pris toute la mesure de cette menace.