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Une vision commune qui tienne compte de nos différences d’appréciation

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Le premier est de mettre à la disposition de décideurs tant civils que militaires ou d’experts (analystes, chercheurs, industriels, journalistes spécialisés, notamment) des « textes de référence », des analyses, des études, des articles traitant des enjeux actuels vus sous l’angle de la défense et de la sécurité,. Des textes de qualité qui ne soient pas « saucissonnés »…

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Passagers si vous saviez, Mémoires d’un pilote de ligne

Difficile de résumer en 300 pages la vie d’un jeune « ancien » commandant de bord à Air France, Christian Paris, qui a tutoyé le ciel pendant plus de trois ans de sa vie en
heures de vol « cumulées », à 33.000 pieds, soit à plus de dix kilomètres d’altitude. Cela permet de voir les choses de haut, certes, mais aussi de constater qu’à bord on ne quitte pas complètement le plancher des vaches… Il paraît que « la cabine d'un avion exacerbe les comportements, révèle les personnalités, stimule tous les fantasmes. Lieu restreint et confiné, il est le théâtre de tous les possibles, le temps d'un vol… » 


Fraîchement publié aux Éditions Balland,[1] ce livre est plus qu’un livre de souvenirs ou d’anecdotes, même si certaines gagneraient à être plus largement partagées.  


Pour cette dixième émission Les Français qui parlent aux Français du bout du monde, la Voix du Béarn a décidé de prendre de la hauteur en s'intéressant à des Français qui, dans le monde, ont fait honneur aux ailes de la France pendant plus de 40 ans…  


Christian Paris n’a pas embarqué seul. Il est avec Jean Serrat – encore un jeune retraité – qui, comme lui, a été commandant de bord à Air France. Il est venu également avec le général Michel Tognigni, un ancien pilote d’essais de notre Armée de l’Air et de l’Espace qui est l’un des dix spationautes Français. Michel Tognigni a participé aux vols Soyouz TM14 et TM 15 et au vol STS-93, la 26e mission de la navette spatiale Columbia qui a mis en orbite le télescope spatial Chandra ! Il est donc un de ces très rares Français qui se sont aventurés dans l’espace avant devenir chef du Centre des astronautes européens… Là on change de dimension : de 10 km d’altitude on passe à plus de 100 et de 900 km/h à 28.000 km.  


Michel Tognigni a écrit la préface du livre de Christian Paris qui a bien failli, lui aussi, devenir spationaute. Habitués à des moments de solitude inédits, entraînés pour faire face à n’importe quelle situation d’urgence, ces trois hommes ont en commun une très grande humilité, comme tous ces hommes ou ces femmes d’exception qui ont un vécu hors du commun.  


On ne pouvait pas dans cette émission ne pas faire un clin d’œil à un ancien de la France Libre, terrassé par la Covid, Jean Billaut, un fidèle ami de Christian Paris à qui il a dédié son premier livre « De Gaulle m’a donné des ailes ».[2] De même on ne pouvait pas ne pas constater la tristesse de ces hommes quand ils ont évoqué la fin de leur carrière hors-norme. leur a fallu un beau jour suspendre leurs vols sur des machines volantes sophistiquées pour se limiter désormais aux joies simples du pilotage avec des petits avions privés. Pilote un jour, pilote toujours…  


Ce n’est pas sans tristesse dans la voix qu’ils évoquent certains souvenirs, certains amis communs. Et mieux vaut ne pas leur demander quel a été leur dernier vol en tenue ! Christian Paris aborde ce douloureux souvenir à la fin de son livre : « Pour clore 41 ans de nomadisme planétaire » sa « dernière destination ne pouvait que le conduire à Antanarivo chez » son « ami le père Pedro »,[3] « un proche du ciel », lui-aussi, qui a consacré sa vie aux déshérités et qui vit au milieu du peuple d’Akamasoa ».


On peut être certain qu’il a savouré chaque minute de ce vol « pour ne rien perdre de ces dernières sensations », entouré à bord de fidèles sans parler de ceux au sol qui le voient si souvent débarquer après plus dix heures de vol et avoir traversé d’un trait tout le continent africain. En quittant son Boeing 777 pour une 4L dont on ne compte plus les heures de vol, à Akamasoa, il est accueilli par le père Pedro qui a une surprise pour lui. Quand Christian est invité à pénétrer le premier dans l’église de ce village hors du commun, quelle n’est pas sa stupeur de voir 7000 enfants chanter et danser en son
honneur. Ce qu’il ressent « est d’une intensité que les mots ne sauraient traduire. Rapidement submergé par l’émotion, je me mêle aux danseurs pour la dissimuler »… Au micro, le père Pedro lui souhaite une bonne retraite sous les acclamations de ces 7000 jeunes Malgaches, de quoi « partir apaisé ». Et au retour sur son « triple 7 », un dernier « kiss landing » à Roissy pour s’attacher « les faveurs de cette terre sur laquelle je vais devoir apprendre à vivre ».   


Un très beau livre. Un grand moment partagé avec Jean-Michel Poulot derrière le micro. Les « vieux pilotes » (il n’y a pas de bons pilotes, il n’y a que des vieux pilotes, si l’on en croit les Américains manient parfois la plume comme ils ont tenu le manche. C’est le cas de Christian Paris qui fait reverser par l’éditeur, Balland, tous ses droits d’auteur à Akamasoa.  


[1] Passagers si vous saviez, Mémoires d’un pilote de ligne, Éd. Balland (juillet 2021) 

[2] De Gaulle m’a donné des ailes, Éd. 7 écrit (février 2018) 

[3] Père Pedro Opeka – Pour Akamasoa, la pauvreté n’est pas une fatalité – UFE Berlin
(31 mai 2021)  

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Les missions spéciales de la Douane

 En 1915, l’état-major français décide la création de l’École des missions spéciales pour former, dans le plus grand secret, des dizaines d’espions qui seront déposés de nuit par nos aviateurs derrière les lignes ennemies pour y mener des actions de sabotage et
de renseignement. 

Le profil recherché : des « hommes courageux pourvus d’une connaissance aiguë du terrain ». Le choix s’arrête sur le corps militaire des douanes et c’est à Hermonville que ces douaniers seront formés aux rudiments de l’espionnage ». Au-delà du flair légendaire attribué traditionnellement à nos « gabelous », c’est leur connaissance des départements frontaliers et pour certains de la langue allemande qui vont les désigner pour ces missions à haut risque. 

Après avoir subi un entraînement spécifique, les douaniers vont multiplier des missions très risquées, et réussir des faits d’armes inédits. Ces « missionnaires », vêtus en civil savaient que s’ils étaient pris, ils seraient fusillés comme espions après un jugement sommaire…
23 de ces 52 « missions spéciales » seront menées à bien par des douaniers et
couronnées de succès. Au-delà du renseignement tactique, les sabotages organisés contribueront à déstabiliser le dispositif ennemi. Leurs pilotes s‘appelaient Guynemer, de Rose, Védrine, Navarre ! Des hommes de légende...

Le premier mort de la guerre de 1870 est « préposé des douanes » : Pierre Mouty avait refusé de se rendre le 23 juillet au soir à Schreckling en Moselle. Le premier blessé de la guerre de 14, le 2 août à 4 heures du matin, est un « préposé des douanes » de la brigade de Suarce dans le Territoire de Belfort, Georges Laibe. En reconnaissance du rôle joué par les douaniers, le 14 juillet 1880, lors de la revue de Longchamps, le président Jules Grévy remettra au corps des douanes son premier drapeau. 

La douane ou les douanes ? Militaires en civil ou civils en uniforme ? Finalement, on sait très peu de choses sur la douane et encore moins sur nos douaniers ; Ils ont pourtant joué un rôle militaire significatif en première ligne dans toutes les guerres dans lesquelles la France a été engagée pendant plus de deux siècles. 

Pour honorer leur mémoire et traiter d’un sujet méconnu, la Voix du Béarn se devait de relater cette page d’histoire écrite avec le sang et la sueur de nos douaniers. Alors que certains pensent qu’avec la création de l’Europe les douaniers ont disparu, qu’ils se rassurent… Ils sont toujours en première ligne et fournissent même avec la DNRED l’un des six services de renseignement français. Face au terrorisme, à la criminalité organisée, aux trafiquants de drogue ou d’être humains, ils sont de ceux qui s’attaquent au nerf de la guerre. Leur « flair », certes légendaire, est prolongé par des moyens informatiques puissants. Sans parler des coopérations avec d’autres services de sécurité (police, gendarmerie) en France et à l’étranger ainsi que l’assistance opérationnelle de nos armées… 

Pour en parler, la Voix du Béarn a choisi de consacrer cette dixième émission des « Français qui parlent aux Français » à ces « missionnaires » pour leur rendre un hommage mérité. A cet effet, Joël-François Dumont s’est entretenu avec Yvan Chazalviel, ancien attaché douanier à Berlin.  

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La République tchèque : un futur champion en Europe ?

 Notre première émission consacrée à la République tchèque se devait d’avoir une suite…  

Jana et Joël Bros nous ont fait découvrir ce magnifique pays, au cœur de l’Europe centrale, qui en brisant ses chaînes, a retrouvé rapidement sa personnalité en savourant enfin son indépendance.   

Une indépendance récente qui remonte au 1er janvier 1993 après la scission de la « République fédérative tchèque et slovaque ». La séparation de la Slovaquie et de la Tchéquie a été assimilée à un « divorce de velours » suite à la « révolution » du même nom qui aura perduré du 16 au 29 novembre 1989. Une séparation sans liesse mais surtout sans violence entre deux pays qui, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, après l’implosion de l’Empire austro-hongrois, s’étaient unis pour le meilleur et pour le pire dans une « Tchéco-Slovaquie » dont le trait d’union disparaitra bien avant 1948… 

Il ne faut pas oublier que les Tchèques ont été soumis pendant quatre siècles à la domination de souverains autrichiens – une domination incarnée notamment par la famille de Habsbourg – qui, pendant trois siècles, fournira tous les empereurs du Saint-Empire romain germanique. Une « maison royale » dont les chefs ont régné comme empereurs germaniques, rois de Hongrie et de Bohème sans discontinuer jusqu’en 1806, puis comme empereurs d’Autriche de 1804 à 1918…  

Les Slovaques eux ont passé mille ans sous domination hongroise…  

Mais cette « émancipation » tant attendue sera de courte durée : 30 ans. En 1948 le « rideau de fer » coupera l’Europe en deux. Staline installera des régimes communistes avec des économies planifiées et qui mettront au pas les populations récalcitrantes. On oublie trop souvent que de nombreux camps d’extermination nazis ont été maintenus en activité de 1945 à 1951 dans toute l’Europe centrale par les Soviétiques, faisant plus de 2 millions et demi de morts dans tous ces « pays de l’Est » dont le seul tort, en 1945, a été de se retrouver du mauvais côté de l’Europe… 

Le 12 mars 1999, la République tchèque adhère à l’OTAN et le 1er mai 2004, rejoindra l’Union européenne. Une adhésion qui sera approuvée par plus de 70% de la population. 

Si il y a un génie tchèque, on peut dire qu’il a été exporté pendant des siècles, dans toute l’Europe mais aussi aux États-Unis et en URSS. Un système scolaire de haut niveau, des universités de renom, le pays en s’affranchissant de ses chaînes soviétiques a forcé l’estime de ses voisins européens. L’économie tchèque s’est transformée, le pays s’est modernisé à marche forcée avec des résultats qui permettent de penser que la République tchèque sera, demain, un des pays les plus prospères d’Europe. Une vaste zone dans laquelle les Tchèques ont toujours su évoluer avec dynamisme, fournissant
des produits de qualité, sans oublier sur le plan culturel, littéraire, de nombreux artistes, des écrivains ou musiciens dont la réputation a été mondiale. 

C’est de cela que Jana et Joël Bros vont nous parler aujourd’hui pour nous expliquer comment cette « transformation » a pu se faire et qui sans constituer de miracle force néanmoins l’admiration. 

De plus en plus de Français s’installent en République tchèque qui est tout sauf « le bout du monde ». Le tourisme est prometteur dans ce pays magnifique, où l’on mange bien et où de très nombreux châteaux ont été restaurés pour servir d‘hôtels à des prix qui défient toute concurrence… 

Comment ne pas imaginer que la gastronomie locale et son tourisme de qualité ne fassent bientôt l’objet d’une prochaine émission… C’est promis, mais pas avant d‘avoir parlé d’un autre pays qui gagne à être mieux connu, la Slovaquie, aussi pour ses liens avec la France. Il y a quelques pages d’histoire qui gagnent à être partagées…  

[1] La république tchèque : A la découverte de la Moravie (1) 

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Les Français parlent aux Français du bout du Monde : Michel Anfrol et le Général de Gaulle

Après une première émission consacrée sur la Voix du Béarn il y a 15 jours à la politique d’indépendance nationale mise en œuvre par le Général de Gaulle, cette fois, nous allons parler d’un livre consacré à Michel Anfrol, journaliste qui a marqué son époque, et par ailleurs président des Amis de la Fondation Charles-de-Gaulle. A ce titre, il s’occupait du rayonnement dans le monde de la fondation et de l’œuvre du Général de Gaulle. 


Ce livre constitue une façon originale de revisiter le gaullisme de la Libération jusqu’à
la disparition en 1970 d’un géant, qui n’aura pas été seulement le chef de la France Libre. 


Depuis cinquante ans, des livres sur le Général de Gaulle, il en sort plusieurs par mois, dans le monde entier et dans toutes sortes de langues. Celui dont nous parlons a été écrit de l’intérieur-même de la Fondation Charles-de-Gaulle. Entretiens avec Michel Anfrol [1] est la très fidèle publication du regard sur la France et sur le monde que portait un de nos plus éminents journalistes contemporains, Michel Anfrol, qui nous a quitté il y a deux ans. On doit ce témoignage à une historienne, Hélène Brando, et à son mari philosophe, Julien Brando. 

 

Si la France a toujours su compter des journalistes de haut niveau, le plus souvent
spécialisés en politique intérieure ou en économie, voire de grands éditorialistes, elle a rarement connu de vrais experts en politique étrangère, des confrères dont le regard sur l’actualité mondiale démontrait un professionnalisme qui forçait l’estime de tous - y compris des confrères étrangers. Pour concourir, mieux vaut être polyglotte et  diplômé. 

En cinquante ans de journalisme, si je devais compter le nombre de journalistes qui m’ont toujours surpris en m’apprenant quelque chose de nouveau, chaque fois que je les rencontrais, des hommes qui avaient une vision réaliste et peu imaginaire du vaste monde, j’en compterais peut-être cinq. Ce n’est guère beaucoup. Et pourtant j’ai eu l’honneur d’appartenir à des rédactions prestigieuses, françaises ou étrangères. Cinq modèles à mes yeux, ce n’est pas excessif.


Je leur connaissais un seul ennemi : le wishful thinking à la française ! 


Michel Anfrol, Quentin Dickinson, et Christian Malard sont au nombre de ces happy few. Je pourrai ajouter encore la plus française des Finlandaises, Helena Petäistö, et celui qui fût mon premier directeur de la rédaction à France-Inter en 1971… Ce sont des hommes et une femme que j’ai vu et entendu s’entretenir avec de nombreux chefs d’État, Premiers ministres ou personnalités de tout premier plan en France comme à
l’étranger. Des grands de ce monde pour qui leur regard et leur opinion comptaient. 

Voilà en effet des collègues brillants, parlant sans note, toujours alliant rigueur et
compétence. Ils se connaissaient tous les trois et s’estimaient. Ils avaient bien d’autres traits en commun. Outre la politique étrangère, ils faisaient toujours des analyses très fines en politique intérieure. Ils étaient dotés d’une culture générale hors-norme qu’ont pu apprécier leurs étudiants. Ils étaient toujours disponibles pour les autres. Ils avaient un humour communicatif, mais au-delà d’une plume bien trempée, ils avaient une voix. A la radio comme à la télévision, cela compte beaucoup. 


Michel était capable de commenter le message que livrait le Pape, dont il a suivi les
grands déplacements dans le monde, mais n’aurait eu aucun problème à commenter
une rencontre de boxe ou un tournoi de football ou de tennis. Et en musique, il excellait. Ces trois collègues ont en commun d‘avoir eu une éducation exemplaire et d’être de parfaits polyglottes, qui ont de surcroît parcouru le vaste monde. Des bourreaux de travail, capables de séparer les faits et leur analyse. Au quotidien, ils se sont toujours interdit de servir la soupe à quiconque, tout en appelant un chat un chat. Il n’en faut pas tant pour être jalousé par des médiocres, mais il en aurait fallu beaucoup plus pour qu’ils se départissent de leur calme légendaire. 


Avec Hélène et Julien Brando, ce sont 30 années d’histoire politique qui sont revisitées. Du RPF, le Rassemblement du Peuple français, on ne peut pas dire que les journaux nous en aient beaucoup parlé. Entendre évoquer les cinq mois au terme desquels, après mai 1958, le Président du Conseil, Charles de Gaulle, va doter notre pays d’institutions d’une solidité exemplaire ! D’une monnaie redevenue stable après avoir été assimilée à un éternel yoyo ! Quelque part, cela redonne espoir que l’on quitte un jour une frileuse petitesse, de laquelle hélas nombreux sont ceux qui ne parviennent pas, au fil des ans, à se défaire. 


Pourquoi ne pas rappeler quelques faits ? Notamment qu’il a été interdit de 1947 à 1958 de prononcer le nom de l’ancien chef de la France-Libre sur une antenne publique sous peine de licenciement… Tout a été fait et continue de l’être pour que cette période qui aura consacré le renouveau de la France soit passée sous silence. Le pouvoir est devenu un immense fromage. Après le trop-plein, nous voici dans le vide, d’ailleurs prévu par le Général de Gaulle après son départ. Plus rien d’étonnant à ce que le Président de la République d’aujourd’hui parle dans un grand journal étranger de son souci de déconstruire la France. Chacun ses priorités, aussi peu fertiles qu’elles puissent s’avérer… 


Sous De Gaulle, comme le confie Michel Anfrol à Hélène et à Julien Brando, si la
communication était érigée en art comme aujourd’hui, la grande différence est qu’à l’époque « la communication avait pour but de dire le fond des choses » et pas le contraire en enfumant les citoyens et en les prenant pour des enfants. C’est pourquoi toute comparaison de nos présidents les plus récents avec De Gaulle paraissait « insoutenable »  à Michel Anfrol. 


Dans une prochaine émission avec le professeur Michel Boivin, nous verrons ce qui reste du gaullisme aujourd’hui, et avec Hélène Brando, nous reviendrons sur cette époque contemporaine qui a été marquée, qu’on le veuille ou non, du sceau des bâtisseurs. 


Joël-François Dumont 

[1] Entretiens avec Michel Anfrol, Avec de Gaulle du RPF à l’ORTF 

   Regain de Lecture">Regain de Lecture éd., Orléans (2020).  

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La république tchèque : A la découverte de la Moravie (1)

Les Français parlent aux Français du bout du Monde… Après avoir entendu des compatriotes en Asie et aux Amériques, retour en Europe centrale et orientale. Après la Pologne, la République tchèque.[1]  


Les témoignages recueillis au fil de ces émissions montrent à l’évidence que les Français qui vivent à l’étranger s’intègrent parfaitement. A l’évidence, nos compatriotes prolongent l’action de la France par leur présence et leur savoir-faire. 


Chaque rendez-vous sur les ondes est une occasion de découvrir pour les uns – ou de redécouvrir pour les autres – les liens anciens qui peuvent exister entre la France et ces pays d’accueil.  


Si les relations entre la France et les pays situés au centre de l’Europe ont été particulièrement intenses pendant l’entre-deux guerres, au point de retrouver le niveau qu’ils avaient pu connaître avant 1870, lorsque le rideau de fer est tombé, les relations ont été brutalement interrompues.  


Ces pays, pourtant slaves, étaient néanmoins orientés vers l’Ouest mais l’URSS a tout fait pour rompre ces liens.  


Le général de Gaulle, dès 1963, s’est bien attelé à renouer un dialogue, mais il faudra attendre l’effondrement de l’URSS pour que ces pays retrouvent enfin leur indépendance et la possibilité de renouer avec leur passé.  


François Mitterrand a poursuivi l’action du général de Gaulle en facilitant l’entrée dans la communauté européenne de ces pays leur permettant de s’intégrer rapidement à cette Europe à laquelle ils ont toujours appartenu. 


Dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, le sentiment demeure que la politique étrangère française a toujours été « plus déterminée par des facteurs extérieurs à cette région du monde … Les défis adressés à la France sur le plan de sa sécurité nationale, en particulier par l’Allemagne et l’Union soviétique, en constituent les ressorts … En dépit des apparences, la France n’a jamais eu de rapports vraiment étroits, profonds et structurés avec l’Europe du Centre-Est … Les aspects les plus vigoureux et les plus durables de ces relations sont perceptibles sur le plan culturel.

Le „rayonnement culturel” de la France jouit toujours d’une grande considération en Europe centrale et orientale … A l’inverse des clichés si souvent évoqués encore de nos jours, les relations entre la France et les pays de l’Europe centrale et orientale ne sont guère déterminées par la tradition mais par des motifs purement politico-stratégiques. La tradition allait dans le sens d’une subordination à la France… »[2] L’étude de Gusztáv D. Kecskés permet de remettre les choses en perspective et aussi de mieux comprendre
pourquoi l’Allemagne semble avoir davantage réussi dans ce domaine.  


De Gaulle et Mitterrand sont bien les seuls présidents français à s’être intéressés à ces pays qui sont devenus des partenaires économiques et politiques au quotidien et dont certains, demain, vont être surpris par le renouveau économique qu’ils ont su mettre en œuvre en moins de 20 ans. 


Depuis que la France est devenue une puissance moyenne, l’attrait des États-Unis a été très fort, même si la plupart de ces pays sans façade maritime, sans avoir connu d’immigration étrangère, ont toujours cherché à privilégier les échanges en direction de
l’Europe. Restent les liens culturels, mais ceux-ci pourraient aussi décliner comme cela a été le cas dans d’autres pays y compris, francophones. 


Avec Joël et Jana Bros, nous allons découvrir la Moravie, l’une des plus belles régions d’Europe, encore très mal connue des Français et pourtant si accueillante. En République tchèque, Prague et la Bohème semblent plus attirer les touristes que la Moravie ou la Silésie. Deux provinces qui gagnent à être mieux connues. 


Joël Bros après avoir été militaire et diplomate à Prague et à Bratislava a travaillé dans une seconde vie dans tous les pays d’Europe de l’Est. Il parle russe, polonais, tchèque et
slovaque, en plus de l’allemand et de l’anglais. Son épouse, universitaire, est professeur de Français. Chanter fait aussi partie de leur vie pour la plus grande joie des Tchèques ou des Slovaques.  


Le regard qu’ils portent sur cette histoire commune mérite d’être médité et partagé. Vu l’intérêt suscité, deux émissions suivront, une pour compléter la première, déjà très riche, la seconde pour parler de la Slovaquie et pour évoquer plus en détail deux
magnifiques pages d’histoire commune avec la France : Milan Rastislav Štefánik pendant la Première Guerre Mondiale et le Bataillon Foch qui a pris une part active au soulèvement national slovaque lors de la Seconde Guerre Mondiale. 

Joël-François Dumont 

[1] Entretien avec le président de l’UFE, l’ambassadeur François Barry Delongchamps [2] Étude publiée à Budapest :
« Franciaország Kelet-Közép-Európa politikája 1918-tól napjainkig (La
politique étrangère de la France envers l’Europe du Centre-Est de 1918 à nos jours) in Grotius, revue scientifique de l’Institut d’études internationales de l’Université Corvinus de Budapest (2009).